C’est l’heure du rituel. Chemise en flanelle rouge et noire, tel un bûcheron des temps modernes, armé de sa CB, on part en quête du conifère. Plus besoin aujourd’hui d’aller abattre son sapin dans la forêt, une petite escapade au supermarché et ils sont là, tous bien rangés comme les Daltons, attendant sagement un propriétaire pour quelques semaines. Le caddie est devenu maintenant incontrôlable, sous le poids du trophée.
De retour à la maison, chacun participe à sa décoration. On a déterré de la cave, ce carton amoché par les années, véritable trésor de boules et de guirlandes multicolores. Pour nous millennials, Amazon nous a sauvé du désastre. Un kit tout-en-un de décoration livré en 24 heures. Six boules dorées, six boules rouges, une étoile et deux guirlandes assorties, made in China.
Mais comme tout bon chrétien, on n’oublie pas la traditionnelle crèche sous ce magnifique arbre agonisant. Cette petite maisonnette éclairée par le fond, représentant la nativité dans toute sa splendeur : Marie contemple son bébé immaculé, revêtue d’une splendide tunique bleue dont les plis simulent une légère brise. Les rois mages sur la gauche sont au nombre de deux (on a perdu Balthazar dans le dernier déménagement), exposant eux aussi un visage doux et apaisé malgré les kilomètres parcourus sur leurs chameaux, pas une goutte de sueur. En y regardant de plus près, on dirait même que le bœuf et l’âne sont en extase devant la plus célèbre scène natale.
La paix au milieu du chaos.
Dans son livre The Jesus I Never Knew, le journaliste Philip Yancey s’étonne de cette image que l’on a donnée à la célébration de Noël. “ Quand je tourne les pages des évangiles racontant le premier Noël, je perçois un ton vraiment différent et je ressens principalement le travail de la perturbation. ”
Jésus n’est pas né dans le glamour de notre Noël occidental. Marie était fatiguée, le visage usé par le voyage et les douleurs de l’accouchement. On était sûrement loin du paysage polaire que l’on peint sur nos cartes de voeux tirées en cinquante mille exemplaires. Il devait probablement faire chaud à cette époque de l’année à Bethlehem. Pas de neige, ni de poudre dorée. Pas de palace, ni de crèche bien rangée. Jésus est né dans une mangeoire, un repaire d’animaux, du foin en guise de landau.
Au même instant, les rois mages scrutaient le ciel à la recherche d’un espoir. Quatre cents ans de silence. C’est le nombre d’années qui sépare l’écriture de l’Ancien Testament du Nouveau. Des générations entières qui ne se nourrissaient que du bon souvenir des miracles que le Dieu de leurs pères, Abraham, Isaac et Jacob avait opérés par le passé.
Mais que fait Dieu ? Où est Dieu dans ce chaos ? N’y aurait-il pas une lueur d’espoir dans ce vaste ciel noir ? Les temps que l’on vit sont chargés d’incertitude et de peur. Il n’y a qu’à observer le cours de la bourse ou scroller les news sur son téléphone. Mais le chaos peut aussi s’exprimer par un long silence radio. “ Allô le ciel ? Ici, la terre ! ”
Imaginez les yeux des rois mages qui d’un coup s’ouvrent grand quand ils voient là-haut une étoile qui brille plus fort que jamais. Enfin cet espoir ! La promesse tant attendue !
Jésus, la paix incarnée.
Ce serait sûrement difficile de réduire la paix à un état émotionnel ou psychologique. Ce n’est sûrement pas un concept, ni un simple prix Nobel. La paix, ce n’est pas non plus s’exiler sur une île, loin de sa tendre belle-mère ou jouer une playlist de bruits d’orages avant d’aller dormir. Ce n’est pas une prime de mille euros accordée par un président désemparé. Non, la paix est une personne et elle a un nom, Jésus, car c’est Lui l’auteur de la paix. Cette paix qui transcende toutes les prescriptions pharmaceutiques, les nouvelles philosophies et les cours de yoga. Il est la paix incarnée dont seule la foi sait s’emparer.
“ Car un enfant est né pour nous, un fils nous est donné. Et il exercera l’autorité royale ; il sera appelé Merveilleux Conseiller, Dieu fort, Père à jamais et Prince de la paix. ” Esaïe 9:5 BDS
Pascal , j’aime ton écriture , ta sensibilité et ton approche du Monde et des événements en tant que Chrétien. Nous avons tous des dons à développer, et un des tiens est l’écriture, c’est incontestable.
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Merci beaucoup Aline !
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